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Cinéma documentaire et expérimental | Documentary and experimental cinema


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13.04.14 | PUBLIC HEARING INTERVIEW


Original English version.
Visions: Pourquoi faites-vous des films?

Wilkins: C'est un peu comme un impératif. Je suis meilleur à ça qu'à d'autres choses que j'aimerais faire. Ma mémoire est très mauvaise donc le cinéma est un bon endroit où mettre mes pensées et mes émotions pour y avoir accès plus tard. Ça devient vraiment intéressant quand le film de quelqu'un d'autre s'infiltre dans ma propre mémoire. J'aime cet échange. Ce n’est pas tant l'image, mais plutôt le « mouvement » qui me plaît : le temps et l'expiration et l'illusion et la fin.La musique est aussi en mouvement, mais il y a quelque chose de plus pur en elle. Je pense que je suis moins pur que ça.

Visions: Tu as l'air d'avoir un grand intérêt pour la banalité…

Wilkins: Je pense que oui, mais pas tellement parce que c'est juste banal, mais parce que c'est le monde dans lequel on vit. C'est plus un intérêt à prouver que la banalité n'est pas vraiment banale ou à reconnaître que la vie que je vis, qu'on vit tous, est ça - c'est ça, c'est notre vie. Le cinéma est un espace de fantaisie et quand j'étais enfant j'étais vraiment intéressé par les films fantastiques, hollywoodiens et je voyais grand, mais quand j'ai commencé à réaliser les restrictions sociale et économiques que j'avais (et que je n'avais pas - parce que je suis certainement privilégié dans un sens), j'ai commencé à m'intéresser vraiment dans une esthétique qui grandit au-delà de mes restrictions. C'est aussi influencé par ce qui m'entoure et mon histoire et comment j'ai grandi et les choses que j'ai passé beaucoup de temps à faire comme on fait tous, comme s'asseoir dans différents endroits, attendre que les choses arrivent, boire des boissons en bouteilles. Ces choses ne sont pas arbitraires, c'est notre vie. On peut s'imaginer d'une autre manière et on est en partie ce qu'on imagine, mais on est aussi le physique et le matériel. Je pense que la reconnaissance physique et matérielle est quelque chose qui surgit dans tous mes films même s'ils sont très différents. C'est peut-être que la réalité est en réalité banale.

Visions: La définition du mot "banal" est "de ce monde", pas quelque chose de nécessairement ennuyeux…

Wilkins: Alors, je suis complètement d'accord avec cette définition officielle. Je pense que la raison pour laquelle j’examine via le cinéma c'est parce qu'elle ne peut pas vraiment exprimer son importance. Je pense que c'est une contradiction intéressante de rendre la banalité exceptionnelle ou de la voir à travers un objectif exceptionnel. Mais alors est-ce encore 'banal'? Je pense que la réponse est non. Cette convergence est beaucoup plus intéressante pour moi que commencer dès le départ avec quelque chose qui a déjà une 'valeur dramatique'. C'est aussi pourquoi je me retrouve partagé entre le documentaire et la fiction comme modes d'expression, parce que j'ai un désir de création et d'écrire et de créer des personnages et des scénarios, mais dès que je m'engage complètement là-dedans ça me paraît tellement arbitraire. Je peux juste écrire ce que je veux donc pourquoi s'en donner la peine, qui s'en soucie?

Visions: Tout contrôler finit par ne pas être si intéressant?

Wilkins: La « fiction totale » ou les choses comme l'animation ont toujours une saveur arbitraire et j'ai toujours une question persistante de comment et pourquoi les choses sont stylisées ou crées d'une manière particulière.

Visions: Une approche formelle semble importante pour toi dans ton travail...

Wilkins: Personnellement, c'est un moyen pour moi de contrôler mes envies 'plus sauvages'. Je me sens assez bienheureux ou chanceux d'être capable d'avoir toujours été capable de prendre une caméra ou un stylo ou un crayon et de juste faire des choses. J'ai toujours été quelqu'un qui est constamment en train de faire des choses, mais j'en ai fait suffisamment pour trouver que ce n'est pas satisfaisant si ça ne s'inscrit pas dans quelque chose qui fait plus largement sens. Je pense qu'en allant en école d'art et en réfléchissant à différents médias et à mon accès aux choses, j'ai fini par comprendre que tout ça voulait dire quelque chose. Ça n'est peut-être pas la fin du monde ou ça ne veut peut-être dire quelque chose que pour moi, mais le vrai monde matériel a un effet sur moi. D'une manière étrange même si le formalisme semble être plein de règles c'est en quelque sorte libérateur. Dans Public Hearing c'était les mots qui ont tout guidé et donc en tant que cinéaste je peux fonctionner avec le peu de ressources que j'ai. C'est presque une technique de survie dans un sens.

Visions: En reconnaissant la forme, tu trouves que tu peux avancer au-delà d'elle parce que tu as accepté ses imperfections?

Wilkins: Je pense que oui et je pense que Public Hearing est presque quelque chose comme une parodie de structuralisme dans une certaine mesure. J'ai un problème avec l'idée de créer des règles seulement parce que tu en as besoin. Il y a un film qui est sorti récemment, j'ai oublié le nom, dans lequel le cinéaste a filmé seulement les mardis pendant un an. Cette règle mène visiblement à des choses intéressantes comme voir un personnage dans seulement un 'noeud' de sa vie, mais ensuite tu dois te demander pourquoi le restreindre seulement aux mardis quand tu pourrais filmer les mercredis aussi? À moins que tu parles de quelque, presque imperceptible différence, ça n'a pas vraiment d'importance. Inventer ce genre de règle devient problématique comme si tu choisis de faire ton film avec cinq cent bobines de 16mm et que ce sera ton film. Il y a une structure qui est créée, mais pour une chose ça a déjà été fait et je ne sais pas si ça cherche à accomplir quelque chose de plus grand. Je pense que je suis plus exigé quand le contenu détermine vraiment comment le film doit être filmé et qu'il peut seulement exprimer son essence en étant filmé de cette manière. Je pense qu'alors le résultat est souvent la chose qui fait les règles est en réalité contenue dans la pièce finale.

Si tu regardes Public Hearing, tu expérience l'audience publique et tu peux choisir quoi faire, comment tu te sens par rapport à ça, quoi faire par rapport à ça ou si tu es d'accord ou pas avec mon intervention visuelle, mais le document PDF qui est en ligne est dans le film. Même le Thin Blue Line, qui est  considéré comme le grand-père de cette ère de la reconstitution consciente de soi en documentaire, est toujours arbitraire parce que c'est reconstitué par ouï-dire (je suppose que ça marche parce que c'est sous la forme d'une procédure). Ce ne sont pas des reconstitutions parce qu'elles ne sont pas réelles. Elles sont en fait des représentations qui ont une relation intellectuelle avec quelque chose qui peut ou pas s'être passé. Public Hearing est différent parce qu'il n'a pas de relation officielle ou désignée avec l'audience publique, c'est seulement lié aux mots qui sont alors instillés dans le film. Ça devient un cercle plus serré. Pas nécessairement meilleur, juste plus serré.

Visions: Pourquoi transformer le réel à travers un médium?

Wilkins: Je pense que ça revient sur être frustré avec l'arbitraire et être sincèrement intéressé par le monde qui m'entoure et ses artefacts et particulièrement les choses auxquelles j'ai accès. Je ne suis pas un érudit et je n'ai pas d'éducation particulière qui me permette d'avoir accès aux artefacts humains à part ce sur quoi je tombe par hasard à travers internet et d'autres choses à travers d'autres mésaventures. Je pense que n'importe qui se considérant, si non comme un cinéaste documentariste, mais comme travaillant dans une tradition documentaire partage un intérêt de départ dans les autres, les vrais gens.

Visions: Est-ce que tu penses que transformer la réalité nous aide à mieux la voir?

Wilkins: Je pense que ça nous ait à voir une réalité. Je ne sais pas si Public Hearing nous aide à voir sa réalité originale. Je pense que peut-être ce que le film réussit à accomplir est que c'est à propos de beaucoup de choses différentes même si ça paraît simple de plusieurs manières. Le design sonore est vraiment minimal comme l'est la distribution des images. Je pense que ça révèle quelque chose pour moi. Les aspects de documentaire politique et de document social sont importants et méritent qu'on en parle et je pense qu'il y a quelque chose à apprendre de ça, mais pour moi c'est surtout un documentaire sur le traitement de l'information et comment on utilise le langage et comment on communique les uns avec les autres. Je pense que si quelqu'un devait venir au film en voulant vraiment apprendre quelque chose à propos de Walmart et de la situation de l'audience publique, il en tirerait quelque chose, mais ce ne serait pas concluant. Je suis sûr qu'il y a des films qui illustrent mieux ou expliquent comment fonctionnent réellement les audiences publiques. Mais il n'y a pas besoin de dire que je ne m'intéresse pas à ça. J'appelle le film une "comédie didactique" et j'ai beaucoup réfléchi sur ce que signifie pour un film enseigner. L'idée qu'un film soit didactique a une très mauvaise réputation ces jours-ci, mais je crois assez fortement que chaque film enseigne, c'est juste une question de si oui ou non il est conscient de ce qu'il enseigne et de ce qui est en effet enseigné. Quand je dis que Public Hearing enseigne je n'ai pas quelque chose à dire à tout le monde qu'ils ne savent pas, mais c'est juste inhérent dans la structure du film - tu dois apprendre son langage si tu veux ne serait-ce que commencer à le regarder. Le film doit aussi apprendre le langage de l'audience publique. Tout le monde doit essayer et comprendre comment tous les autres parlent. Je trouve que les 20 premières minutes du film sont vraiment plates, c'est presque impossible de comprendre les mots des gens et ça devient presque du charabia et très oppressant, mais ensuite ça se brise à un certain point et ça devient une série de monologues humains après ça. Je trouve que cette première partie est assurément un test et c'est habituellement dans les premières 25 minutes que les gens sortent.

Je pense en ce moment dans ce climat de documentaire hybride où tout le monde explore ce qui est et n'est pas du documentaire. Il y a toujours un discours binaire facile de c'est l'un ou l'autre ou un mélange des deux, quand en fait je pense qu'on doit examiner la racine du mot "documentaire". Ce n'est pas nécessairement un document, mais ça vient du mot latin qui veut dire "enseigner", c'est la racine de "document" et donc de "documentaire". Donc ensuite qu'est-ce qu'enseigner? Ça me semble être une plus grande question. Quand tu dis que quelque chose est documentaire tu devrais demander, "est-ce que ça enseigne?" et ensuite, "comment ça enseigne?" et non pas, "est-ce que c'est de la fiction ou pas?". Je pense que peut-être alors la chose radicale à faire est d'admettre que les modes d'enseignements qui sont communs dans le genre documentaire ont échoué ou sont inefficaces ou conduits idéologiquement et donc essayer quelque chose d'autre.

Visions: Comment la reconstitution aide-t-elle à voir ou à comprendre le monde?

Wilkins: Je pense que Public Hearing est pour sûr une reconstitution au sens très technique et je suppose que je ne suis pas intéressé par la reconstitution en un sens plus libre. Je pense que la reconstitution est très puissante, mais donc on doit aussi se méfier à tout moment. Une partie de la raison pour laquelle j'ai décidé de tourner Public Hearing est parce que je venais juste de sortir d'une école d'art et j'avais beaucoup lu à propos des reconstitutions à l'époque et je m'étais rendu compte que de nombreux artistes travaillaient avec, mais leur travail semblait toujours traiter de reconstitutions de choses qui 'comptaient' vraiment ou étaient 'sensationnelles' et étaient intéressantes en elles-mêmes, je me suis donc demandé ce que ça ferait de reconstituer quelque chose dont personne ne se souciait vraiment. La genèse du film était à la fois l'admiration pour les tactiques de reconstitution, mais aussi d'essayer de trouver un moyen de questionner ce que je ressens et qui est un petit peu décalé à propos de ça aussi. Encore une fois, dans les 20 premières minutes de Public Hearing tu n'es plus capable de comprendre ce dont ils parlent et le contenu se dissipe et les gens deviennent des objets et tu les regardes jouer.

Visions: Tu as l'air d'être intéressé par "l'archéologie" culturelle contemporaine et ses liens avec la technologie…

Wilkins: J'adore ces trucs. Je pense que c'est tellement bizarre comment cette vieillerie matérielle semblait immatérielle d'une manière si séduisante à son apogée. Une clé USB est la chose la pus incroyable jusqu'à ce qu'elle ne fonctionne plus, ça devient juste une merde. Tu te rappelles des disques Zip? Ils étaient immenses et si puissants et chers à l'époque - ils faisaient 100Mo. Mais je pense que c'est juste une chose ancestrale.

Visions: L'accélération doit être bien plus rapide maintenant toutefois.

Wilkins: Oui, elle l'est. Tu as tout à fait raison. Ensuite il y a les solutions basées sur logiciel qui essayent et font l'intermédiaire avec la vitesse, ou la ralentissent un petit peu, comme le format PDF que j'aime beaucoup. Je trouve que c'est une notion conceptuelle ou un concept tellement fascinant. Il fait toujours référence à son potentiel matériau de base qui est le papier imprimé même si les PDF sont rarement imprimés et tout l'avantage est que tu peux les regarder sur tes tablettes, les télécharger ou les envoyer. Mais c'est juste une sorte de critère fixe qui nous rappelle qu'on vit dans un monde physique. Je trouve ça très séduisant et presque rassurant: un logiciel citant un souvenir du vrai monde qui est plus fiable que les choses matérielles sur lesquelles on compte comme les clés électroniques et les disques Zip, c'est une chose intéressante pour moi.

Visions: Tu travailles aussi à garder le contenu et le format vivants en parallèle en faisant un film à partir d'un PDF.

Wilkins: Ouais, complètement. Une chose que j'aimerais absolument dire à propos de ça c'est que même si ça a été filmé en 16mm je ne peux pas déplorer le fait que je n'aurais jamais eu les moyens et que je n'ai jamais eu l'intention de l'agrandir en 35mm. J'ai toujours su dès le début qu'il faudrait au bout du compte que ce soit un film numérique et je suis content que ce soit cet étrange hybride de médias. C'est pourquoi la scène du pont autoroutier et le générique et toutes les scènes qui ne sont pas directement citées ou tirées de la transcription sont créés dans un monde purement numérique et c'est presque comme si le 16mm était embaumé et enterré dans une coquille ou un cercueil numérique ou quelque chose comme ça et qu'il se donnait des coups de tête. La seule chose que je déplore c'est que ses chances d'être montré dans un cinéma sont réduites. Ce n'est pas une question de qualité d'image, mais c'est plus l'évènement d'avoir un public qui regarde un public qui est est délibérément minime et silencieux pour que le vrai public puisse essentiellement fournir les bruitages. Quand il est projeté, c'est presque comme si l'espace du cinéma devenait  un espace de présentation expérimental.

Visions: Est-ce que tu l'as déjà projeté dans une salle de cinéma, mais sans fermer les lumières?

Wilkins: Non, c'est une bonne idée en fait. Je devrais essayer.

Visions: La gêne de la technologie semble donner un rythme à tes films. Est-ce que c'est quelque chose qui t'intéresse?

Wilkins: Absolument. C'est toujours le genre de chose qu'on essaye toujours d'élider dans la vraie vie, comme quand un microphone grince, tout le monde grimace et couvre ses oreilles et ensuite on fait comme si rien ne s'était passé. C'est tellement intéressant. Chaque fois que la technologie est améliorée, on pense que c'est tellement mieux que la chose précédente, mais il y'a toujours un petit défaut. Je n'arrive pas à me remettre du fait qu'on vit maintenant dans un monde d'écrans tactiles et tout le monde les accepte, mais ils sont si graisseux. Ils sont toujours couverts de graisse humaine. Ça ne représente pas le fait qu'on soit toujours des créatures biologiques et graisseuses. Donc maintenant on se promène partout avec ces écrans qui sont tous tachés et ont l'air affreux. Je ne sais pas pourquoi, mais je fais toujours attention à ces choses. Ou les écouteurs sont un peu dégueulasses, tu les enfonces dans tes oreilles et ensuite ils sont couverts de cérumen. C'est toujours génial quand une technologie est nouvelle, mais dès que quelque chose de plus nouveau arrive ça change.

Pedro Costa parle de certains de ses premiers films qu'il a tournés en DV et de l'idéologie et de l'ergonomie des caméras. Il parle de comment les entreprises conçoivent les caméras pour être utilisées d'une certaine manière et font ainsi la promotion d'un certain type de technique cinématographique et ainsi la création d'images et ainsi la distribution d'informations. Donc, il voulait délibérément filmer de la manière contraire à celle que ces nouvelles caméras dictaient. Ce n'est pas profondément radical, je suppose, parce que c'est en premier lieu spéculatif et aussi ce n’est pas comme si tu ne pouvais pas juste les poser sur une table ou un trépied comme il le fait. Mais c'est vraiment intéressant qu'il le reconnaisse et chaque fois qu'il y a une nouvelle particularité, il fait le contraire de ce à quoi c'est destiné. C'est ce que j'ai lu ou ce que j'ai cru comprendre d'après ce qu'il a dit, en tout cas. Donc, je pense qu'il y a quelque chose d'intéressant là-dedans. Il y a quelque chose d'intéressant dans le geste de filmer en 16mm maintenant parce que c'est légèrement masochiste et anachronique. Pourquoi je dépenserais cet argent et cette angoisse si je peux apparemment le faire d'une manière bien plus facile? Je pense que la réponse est que c'est en fait différent et on ne peut pas faire semblant et laisser une technologie effacer l'histoire d'une précédente parce qu'elle est fausse.

Visions: Le capitalisme est-il un thème récurrent dans tous tes travaux?

Wilkins: Pas toujours aussi ouvertement. Je pense que les économies et le travail et reconnaître l'existence de l'argent au lieu de l'esquiver c'est quelque chose qui m'intéresse. Je suis plus qu'heureux de parler des défis de l'argent en tant que cinéaste et comment cela affecte le genre de films que je fais plutôt que de créer un mystère autour de moi comme je pense le font beaucoup d'artistes. L'argent est une sorte de tabou et ils "font juste des travaux". Un film que je monte en ce moment, The Republic, est essentiellement sur une micro-économie. Ça parle d'un état qui s'est créé tout seul à l'intérieur d'un État de défenseurs des libertés civiles qui rejettent les États-Unis et font affaire les uns avec les autres à travers des contrats et du troc. Les détails du maintien civique et le capital qu'il entraîne sont énormes dans ce film.

Visions: Est-ce que tu te sens vain lorsque tu fais face aux rouages des magasins de grande surface et aux rouages du capitalisme?

Wilkins: Je ne me sens pas vain. Je pense que je suis au bout du compte plus intéressé par les gens que si oui ou non cette situation politique spécifique va ou ne va pas fonctionner. Je trouve la situation dans Public Hearing ironique et je pense que beaucoup de bien peut en sortir même si le résultat politique échoue complètement. Le processus est important et le fait que ces gens soient sortis pour s'exprimer clairement en tant qu'êtres humains dans une société démocratique est très fort et est très important. J'ai grandi en allant à l'Église luthérienne et beaucoup de gens crachent sur la religion ces temps-ci et je ne suis pas religieux, mais dans un sens c'est bien. Les gens vont à l'église et que tu croies ou non à ce qui est enseigné il y a un maintien communautaire important, une chose à bas niveau où tu vas et tu vois les mêmes personnes chaque semaine. Cela me semble être au-delà de la critique de la religion. Où est-ce que tu trouves vraiment ça dans la société d'aujourd'hui? Ça mérite d'être reconnu pour ça.

Visions: Le nom de ta compagnie de production est The Automatic Moving Co. Comment ce nom est-il lié à ton travail?

Wilkins: C'est un nom qui en quelque sorte représente notre mode de travail d'une manière rigolote. Ça vient du titre d'un film fait au début des années 1900 qui s'appelle The Automatic Moving Co. C'est une animation d'objets grandeur nature - un camion de déménagement recule vers une maison, s'ouvre et le mobilier se déplace tout seul dans la maison. Quand je l'ai vu j'ai été vraiment frappé par ça et premier film qui était animé sans heurts, mais existait aussi dans le vrai monde. C'était donc la genèse du nom, mais ça représente aussi le travail que mes collaborateurs et moi avons souvent entrepris. On a dû faire beaucoup de jobs merdiques et beaucoup de travail manuel pour soutenir notre travail. J'ai été très intéressé par cet échange de travail - un jour de job merdique équivaut à une demi-journée que je peux payer pour faire mon film et l'autre moitié sert à gagner ma vie. Ainsi, le nom est aussi un jeu évident sur ce que sont les « movies » (films) et aussi sur l'idée d'une sorte de sentiment ou d'une réaction émotionnelle automatisée impliquée dans le visionnage d'un film.

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